Une décoration d'un nouveau genre a fait irruption depuis quelques jours sur notre lieu de travail. La voilà. - Eh oui, la nouvelle loi, entrée en vigueur depuis le premier février. Entendons-nous bien: même moi, en que tant fumeur impénitent, j'applaudis à toute initiative qui m'oblige de limiter ma consommation en nicotine d'une part et de protéger les poumons des autres de l'autre. Ceci étant dit, regardons l'affichette de près:

Première constatation: pour le design de la cigarette, on aurait quand-même pu faire appel à un graphiste fumeur. Franchement, c'est quoi, ça? On dirait un morceau de craie, ou un vulgaire mégot, ou une cigarette russe, celle dépourvue de tabac. Pas terrible.

Ensuite, je vous rappelle à tout hasard qu'on est au Mexique. Or, nous lisons: "Fumer ici vous expose à une amende forfaitaire de 68 euros ou à des poursuites judiciaires." Effrayant. Si je m'expose, où trouverai-je encore un bureau de change ouvert, à cette heure? Reste plus qu'à passer un coup de fil aux collègues: "Dis donc, de ton dernier voyage en France, il te reste encore des euros? Ouais? Super, combien? Vingt-neuf? Ah merde, c'est pas assez!... Hein? Non non, donne toujours, je me débrouillerai..." Bon, avec un peu de chance, ils accepteront les dollars.


Mais c'est vrai qu'on a le choix: "ou à des poursuites judiciaires". Je vous rappelle encore une fois qu'on est au Mexique. Donc, j'imagine qu'ils vont dépêcher un gendarme bien moustachu jusqu'ici: "Eh, mon gaillard, savez que c'est interdit de fumer, ici?" - "Mais m'sieur l'agent, je..." - "RIEN À FOUT'! AU POSTE!". Et hop, nous voilà rapatriés d'urgence, peut-être même en classe affaires, puisque c'en est une, de judiciaire. Non, après tout, c'est peu probable. Je crains l'abus: des non-fumeurs pourraient en profiter pour se faire Mexico-Paris à l'oeil, au nez et à la barbe du contribuable.


Pour éviter ce genre de déconvenue, on nous donne cependant un conseil: "pour arrêter de fumer, faites-vous aider en appelant le" suivi d'un numéro de téléphone; l'appel, nous indique-t-on, est facturé à 0,15 euros la minute. Je vous ai déjà rappelé qu'on était au Mexique? Non, trêve de balivernes, j'entrevois clairement le but caché de cette opération! Car, qu'à fait l'auteur de cette prose mémorable, sinon de porter à son paroxysme l'adage think global, act local? Donc, en oubliant le think global, voire le think tout court? Mais oui, ça s'adresse bien à nous, infâmes expatriés (à contrat local, régi par la loi de travail mexicaine), nous si loin de la France, qui éclatons en sanglots dès que nous entendons, même en sourdine, mugir ces féroces soldats. Oui, c'est tellement local que rien en lisant ces quelques mots, j'entends le cliquetis du baby-foot au Café des Sports, je vois Raymond le garagiste engueuler son apprenti, je sens l'haleine du gardien municipal empestant le picon-bière. Et pour peu, on lirait la suite: "Voilà. En sortant de l'immeuble, n'oubliez pas de saluer Madame Martin la concierge et, tenez, puisque vous passez par la rue de l'Eglise, soyez donc aimable et rapportez-moi un rillettes-cornichons de Chez Léon, au coin du boulevard Jaurès. Je vous rembourserai, bien sûr."


De la nostagie pure, vous dis-je. Sur ce, où est-ce que j'ai encore laissé mon briquet?

Rubrique "c'est quoi ces fumées sans feu?": Des artistes dont la réputation est partie en fumée, justement. Qui se souvient encore des Brownsville Station? Pas moi, je n'en aurais même pas entendu parler si je n'avais trouvé ce titre, sorti en 1973, sur une compil. Quant à Natalie Imbruglia, c'est moins grave: on se souvient - et comment! - de son méga-tube Torn sorti en 97, tube qui n'a pas vraiment eu de suite. Ici une chanson de la même année. Et pour finir, une reprise des Doors, par la chanteuse soul Erma Franklin, une soul sister comme on n'en fait plus... Ah si, j'oubliais Beyoncé.

Retour à l'accueil