Récemment sur Technorati, en consultant les termes les plus recherchés, je tombe sur une chose curieuse: parmi ces termes figurait "Marions Kochbuch", autrement dit: "le livre de recettes de Marion". D'autant plus curieux que les top searches de Technorati, ce sont en général des termes liés à l'actualité US et/ou au monde du web. Donc, qu'est-ce que livre de cuisine de Marion venait bien faire là-dedans?

Voilà l'histoire: www marions-kochbuch.de* est un site culinaire assez célèbre et assez rapporteur pour que Marion puisse en vivre; le site est linké jusque dans la blogosphère francophone. Il y a des recettes, il y a des photos. Or, vous savez comment ça se passe: quand on besoin d'une chtite image pour illustrer son billet et qu'on a pas de photo de sa propre production sous la main, on fait un tour chez Google et on se sert, et la plupart du temps, les droits d'auteur, on s'en contrebalance. Evidemment, n'importe quel vulgaire ayant-droits pouvait s'en offusquer.

C'est ce qui est arrivé: l'époux de Marion, un prénommé Folkert, lui-même photographe à ses heures perdues et a fortiori auteur des photos du site de son épouse, a chargé un avocat d'envoyer des Abmahnungen aux contrevenants. Des Abmahnungen - j'ai dû rechercher le terme français et je ne suis pas sûr d'avoir trouvé l'équivalent juridique: des avertissements. En gros, ça se passe comme ça: l'avocat envoie donc une Abmahnung sous forme de lettre au blogueur dans laquelle ce dernier est instamment prié de retirer l'image qui ne lui appartient pas de son blog. Le hic, c'est ce que cette lettre va lui coûter 500 euros en frais d'avocat. Soit il les paye, soit il se retrouve au tribunal, et là, ça risque de lui coûter beaucoup plus cher. Juridiquement, il n'y a rien à faire. Non seulement c'est tout à fait légal, mais encore ça a donné naissance à un phénomène recurrent dans la blogosphère allemande: la Abmahnitis, l'avertissementite, la forme pathologique de ce procédé. En ce moment même, des nuées entières d'avocats teutons sont en train de fouiner dans la blogosphère à la recherche d'éléments non autorisés. À 500 euros la lettre, voilà pour ces messieurs un sûr moyen de se faire des couilles en or, très utiles quand on n'en a pas de naturelles (mais je m'égare...).

Dans le cas du livre de cuisine de Marion, c'est sans doute la goutte qui a fait déborder le vase, d'où l'effervescence sur Technorati. Le sieur Folkert prétend que chacune de ses photos vaut 6.000 euros. Pour une photo amateur, c'est cela, oui... D'après certaines sources, ce fils spirituel de Robert Doisneau aurait déjà fait envoyer 873 lettres; bénéfice net: plus d'un demi-million d'euros, et c'est pas fini...

Prenons le cas de Maingold. Un copain lui fabrique une satire en images qu'il met en ligne. Inclus dans la satire, mais sans en être l'objet, se trouve l'image d'un rôti de boeuf de chez Marion. Paf, une Abmahnung. L'affaire s'emballe quand Maingold reçoit une seconde Abmahnung, parce que l'avocat a jugé diffamatoires pour son client des commentaires postés à la suite d'un billet, des commentaires qu'il n'a donc pas rédigés lui-même. Voyez-vous ça. Pendant ce temps, la blogosphère allemande ne décolère plus. Des recherches ont été faites, et on a découvert quelques curieux détails sur la manière de procéder de Marion et son David Hamilton des plats cuisinés. Ainsi, certaines recettes du site de Marion proviendraient des utilisateurs d'un forum aujourd'hui disparu, tenu par Marion. Un forum payant pour les utilisateurs, en plus, on aura tout vu. On s'étonne aussi que Helmut Newton bis insiste sur le fait que tout procès se déroule à Hambourg; apparemment il a eu quelques bonnes expériences avec un juge local lors de procès précédents. Etc. etc.

On en est là pour le moment, l'affaire reste donc, comme tout bon fait divers, à suivre.

*Pas de lien direct; elle a eu assez de pub comme ça, la Marion.

Rubrique "c'est quoi ces libérations?": Liberté chérie... Le titre des Who, issu de Tommy (1969), marque la libération du héros sourd-muet-aveugle, "and freedom tastes of reality...". Le second titre de Chicago fait partie d'une soi-disante "suite" et dans une explosion de cuivres et de choeurs marque le désir d'être libre. Il y en a beaucoup, des chansons sur ce thème. Une des dernières en date est celle de la grandiose Cat Power alias Chan Marshall, paru en 2003, et qui ressemble étrangément à celle des Who...

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