Alors, ce fameux article 33 de la constitution mexicaine, l'aurais-je déjà transgressé? Pour mémoire, l'article stipule que "les étrangers ne pourront d'aucune manière se meler des affaires politiques du pays" sous peine d'être viré illico de ce même pays. Et comme ces derniers jours quelques lecteurs ont manifesté des inquiétudes à mon égard, suite à mes petites observations sur le campement de Reforma, il faut bien que je les rassure: non, je ne pense pas qu'une belle nuit, un commando de sbires armés jusqu'aux gencives vienne déclencher l'opération "cielito lindo" sur mon paillasson. Franchement non.

Entendons-nous bien: se meler de la politique mexicaine est une chose, la décrire en est une autre. S'il fallait renvoyer tous ceux qui en ce moment décrivent ce qui se passe au Mexique, il n'y aurait pas assez d'avions. Les ambassades des Etats-Unis et du Canada préviennent leurs ressortissants de surtout ne pas se meler de politique au Mexique, mais ça concerne des participations actives, genre manif. Personellement, je n'ai pas l'intention de manifester, ni d'ailleurs de me porter candidat supplémentaire aux présidentielles. Quoique... oh et puis non.

Au campement, pour l'instant, tout est calme. Dans le pire des cas, c'est le calme avant la tempête: début septembre, les juges électoraux vont décider qui de Calderon ou de AMLO sera le nouveau président. Entretemps, le conflit se prolonge dans la presse internationale: le président Fox, interviewé par des journalistes allemands, a déclaré Calderon vainqueur. La presse de gauche s'en offusque: le président n'a pas à s'ériger comme juge etc. AMLO, lui, a été interviewé par un envoyé spécial du Monde; il y propose la double présidence, donc une sorte de cohabitation. Au tour de la presse de droite de se gausser etc. Ceci étant dit, je prépare mon baluchon et je prends la fuite.

Si vous le voulez bien, méditons ensemble cet adage plein de sagesse d'entrecôte: "Rien ne sert de courir, il faut arriver à point". Ça y est? Bon. Voici quelques musiques sur ce thème.

Télécharger: The Beatles - Run For Your Life (mp3) - acheter

Rubrique "c'est quoi, ces chansons?": Lennon, des années plus tard, avait toujours dit qu'il n'aimait pas particulièrement cette composition, sorti en 1965 sur l'album Rubber Soul. C'est une de ses plus cyniques, il est vrai, mais après tout, il fallait bien casser cette image de mophead mignon d'une manière où d'une autre.

Télécharger: The Who - Run Run Run (mp3) - acheter

Après avoir parlé de leur g-g-g-génération avec une violence inconnue jusqu'alors, les Who sortent un deuxième album plus ambitieux en 1966, qui contient déjà un mini-opéra rock, préfigurant Tommy. Run Run Run, qui ouvre l'album, est tout aussi cynique que la chanson des Beatles. Sauf que vers la fin, le chanteur se propose finalement de sortir cette fille superstitieuse de son malheur.

Télécharger: The Sweet - Fox On The Run (mp3) - acheter

Heu oui, je sens que je vais encore me faire des amis, mais l'occasion était trop belle. Pas grand chose à garder de The Sweet et son rock esbrouffe post-glam, à part peut-être ce titre-là, sorti en 1974. Je répète: en 1974. Je tiens donc à vous rassurer que Fox On The Run n'a absolument rien à voir avec le président Fox; dans la chanson, il s'agit juste d'un vulgaire renard... Taisez-vous, vous me faites rire...

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