En ces heures solennelles, j'appelle mes lecteurs à voter pour - ah non, trop tard. Flûte. Encore une occasion perdue pour exercer mon influence. Si c'est pas malheureux.

En attendant d'apprendre à mes élèves à se lever quand je rentre dans la salle, réforme qui va assurément résoudre en un rien tous les problèmes d'éducation, j'ai des projets à terminer, moi. Notamment avec les ados, toujours aussi mmmmmmmugnons, et d'ailleurs je ne vais pas tarder à entamer les procédures d'adoption en bonne et due forme. Oui, pour les 36 au complet.

Mais il y a autre chose: plus je discute avec les étudiants, que ce soit en cours de philo ou à bâtons rompus à la cafète, je me rends compte que côté filles, une génération épatante est en train d'émerger. Elles ont la vingtaine, le diplôme en poche, elles sont en quête d'un premier boulot, pas forcément au Mexique, d'ailleurs. C'est là généralement que le bât blesse: l'indépendance féminine est mal vue, au sud du Rio Grande. Disposer de ses propres revenus, habiter toute seule - autant de conflits programmés avec la sacrosainte famille, horizon indépassable pour beaucoup d'entre elles. Quand en plus, on veut émigrer au Québec, comme E***, ou qu'on veut rejoindre un copain tchèque à Vancouver, comme J***, on se retrouve rapidement dans une situation qui frise la haute trahison.

De tout ça, elles en sont conscientes. Elles ont des opinions mûrement réfléchies sur les questions de famille, de religion, d'état. Elles vont se battre. Et elles se démarquent nettement de leurs compagnons d'âge masculins qui, eux, préfèrent le plus souvent s'accrocher aux traditions, surtout si c'est maman qui les incarne. Ça peut parfois déboucher sur un machisme invivable, et elles sont de moins en moins prêtes à l'endurer.

Je crois bien que je vais voter pour elles.

Rubrique "c'est quoi ces lendemains chantés"?: The La's, groupe mythique. Un seul album en 1990, puis ils se séparent. Je les avais vu en concert dans un petit club à Cologne, concert bordélique, abrégé pour des problèmes de larsen. Ils ont failli se bagarrer entre eux, mais concert était sublime malgré ou justement à cause de tout ça. Quant à Ziggy, fils de Bob, on a cru qu'il allait reprendre sans problèmes le flambeau de feu son père, et en 1989, tout portait à y croire, le son, les inflexions y étaient, mais ça s'est un peu calmé par la suite.

Et puis, faire chanter La Marseillaise à la mémé Matthieu une fois de plus, c'est désolant. En parlant de réformes, va-t-on revenir à l'ORTF? Encore un coup comme ça, et je sens que je vais quitter le pays. - Ah non, c'est déjà fait... Flûte et re-flûte. En tout cas, voici un antidote: 

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