"Je ne suis pas une mauvaise fille", dit-elle. J'hésite: anglicisme ou pas? I'm not a bad girl? Comment dirait-on ça, en français? Du reste, non, elle n'est certainement pas mauvaise fille, nous sommes bien dans un lycée catholique. Dans ce lycée, nous y allons tous les ans vers la même époque, histoire de leur faire passer le diplôme élémentaire de langue syldave, à ces ados pas si boutonneux comme il est cliché de dire; les entreprises dermatologiques font des miracles ces jours-ci.

Tenez, en voilà une autre: elle se souvient de moi, en plus. L'année dernière, apparemment, je lui avais fait passer le B1. Ses projets? "Je pense que je vais devenir journaliste, peut-être chez National Geographic, qui sait?" Une heure avant, dans la salle de surveillance pour les épreuves collectives, elle m'avait vu feuilleter un numéro de cette même revue. Okay, c'est de bonne guerre.

Une troisième doit me convaincre, dans cette simulation, de l'accompagner à un concert. Je mime le type chiant devant sa télé. "Je te paye le concert!", dit-elle. "Je te paye le taxi! Je te paye le restaurant!" 100% crédible, carte de crédit paternelle faisant foi. Nous sommes bien dans un lycée de nantis (mais au diable l'avarice).

Pas une mauvaise fille? On sentirait presque pointer un soupçon de blues de jeune-fille-bien-comme-il-faut.

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