La bataille de Puebla, c'est un peu comme Alésia dans l'esprit d'Agecanonix: Puebla? quoi Puebla?! Personne ne se souvient de Puebla!! Et pour cause, c'est une défaite française. Alors qu'ici au Mexique, le cinq mai, c'est un jour férié, eh oui. Raclements de gorge.

Tout commence (puisqu'il faut bien commencer quelque part) par le refus du président Beníto Juárez de payer ses dettes européennes. Le Mexique, après des années de guerres extérieure et civile, est ruiné. Les nations européennes créancières - l'Espagne, la Grande Bretagne et la France -  envoient aussitôt des troupes d'intervention qui débarquent à Veracruz en 1861. Un accord est conclu entre le Mexique d'un côté et la Grande Bretagne et l'Espagne de l'autre. La France, elle, s'entête. Pourquoi? Parce que pour Napoléon III, cette intervention est beaucoup plus qu'une histoire de gros sous: c'est l'occasion idéale de réaliser cet autre rêve américain, créer un grand empire latino-américain sous "protection" française qui contrebalancerait le pouvoir grandissant des États-Unis. Qui n'étaient d'ailleurs pas si unis que ça à cette époque: la guerre de Sécession venait d'éclater. Bref, les Américains étaient occupés et ils ne pourraient pas intervenir dans le conflit franco-mexicain. Napoléon III, americanophobe jusqu'à la barbichette, a dû se frotter les mains. L'époque de La Fayette était bien révolue...

De Veracruz, les troupes françaises vont essayer d'atteindre la capitale, imitant en cela curieusement la stratégie des troupes américaines lors de la guerre mexicano-américaine. Sur la route de Mexico se trouve Puebla, ville fortifiée. Les troupes françaises y arrivent le 5 mai 1862 et décident d'assiéger la ville. Bombardements, assauts répétés, rien n'y fait. Les pertes françaises sont lourdes, les renforts mexicains arrivent, la contre-attaque est lancée: 12.000 Mexicains contre 6.000 Français. Ces derniers se voient obligés de battre en retraite, et s'il n'y avait pas eu ce violent orage qui empêchait la contre-offensive mexicaine de se poursuivre, les pertes françaises auraient sans doute été bien plus lourdes que ces 800 tués et blessés. Aucune parole historique d'envergure n'a été conservée, on s'en doute, pas même une resucée de Cambronne. Cela dit, le bruit de la défaite fit que, comme toujours dans ces cas-là, il fallait à tout prix rétablir le prestige de l'armée. Et comment rétablit-on le prestige de l'armée, question à mille balles? En votant des crédits pour envoyer d'autres troupes, 30.000 hommes cette fois, qui allaient rétablir, faire leur veni vidi vici, leur vae victis et autres in tequila veritas. Ça manque parfois un peu d'imagination, ces épopées militaires.

Il y a donc eu une deuxième bataille de Puebla un an après et cette fois, on les a eus, ces enfoirés la chance nous a souri. Mais vous dites ça et vous serez traité de revanchard pour le restant de votre séjour.  

Après toutes ces énumérations et effusions guerrières, terminons sur une note féminine avec La Bamba par la grande, la merveilleuse Lila Downs. Quoi de plus éculé que La Bamba, me direz-vous? Oui, mais oubliez Ritchie Valens, Los Lobos et toutes les autres versions que vous avez pu entendre. Mélange des plus pures traditions mexicaines et de rythmes d'autres continents, cette version a paru en 2004 sur l'album Una Sangre.

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