Le 24, on a fêté tranquillement à deux, presque à trois si on avait pu convaincre Patricia de venir nous rejoindre. Le lendemain, on avait le proverbial déjeuner de famille. Sonnez hautbois, résonnez musettes.

Quand je dis "famille", je veux dire "famille mexicaine", c'est dire dans les 40 personnes, et encore il en manquaient à l'appel. Cette année, je suis d'ailleurs monté en grade et je peux dorénavant me targuer de l'appellation "neveu adoptif". On ne rigole pas. C'est l'équivalent de la Légion d'Honneur, ici.

Et bien entendu, il y avait le repas traditionnel (cf. photo). Bon, je vous concède qu'à première vue, ça n'a pas l'air trop appétissant, ça a comme qui dirait un petit air de "déjà mangé" - mais je vous assure que c'est bigrement bon; les romeritos (sorte de ragoût au romarin, avec pommes de terre et beignets de crevettes), le bacalao (de la morue en sauce), et puis, plus banalement, de la dinde aux marrons. Pas de Noël mexicain sans ces trois plats.

Le maître de maison nous a reparti autour de plusieurs tables, un ordre très strict, selon les filiations, l'âge, les sensibilités, on allait se servir au buffet, puis, tout le monde assis, on allait se régaler, tous sauf ma voisine de gauche, une cousine forcément, qui s'est mis dans la tête d'amuser la galerie avec force anecdotes et force décibels dans la voix. Genre Boeing 747 au décollage. Evidemment, vu mon trop récent rang de neveu, je n'avais aucune autorité pour lui dire de la fermer et de manger avant que ça ne refroidisse. Et quand bien même...?

Elle: ET ALORS UNE CHOSE MARRANTE S'EST PASSÉE EN ARRIVANT ICI...

Moi: C'est quand-même dommage de laisser refroidir ces excellents romeritos...

Elle: VOUS NE DEVINEREZ JAMAIS, D'AILLEURS PAS PLUS TARD QU'HIER...

Moi: D'ailleurs, quand ça refroidit, c'est carrément dégueulasse...

Elle: JE ME DISAIS MAIS C'EST PÔH POSSIBLE QUE JE ME DISAIS...

Moi: Paraît en plus que, quand ça refroidit, ça développe DES TOXINES...

Elle: ALORS LÀ JE ME SUIS DIT ON AURA TOUT VU, MAIS TOUT TOUT TOUT...

Moi: C'EST TRÈS DANGEREUX, LES TOXINES, ON RISQUE DE PERDRE UN OEIL!

Elle: ET JE LE VOIS TEL QUE JE VOUS VOIS, AUSSI SEC, SANS FAÇON, MAIS OUI...

Moi: OU PIRE, ON RISQUE DE PERDRE LA VOIX! A JAMAIS!...

Elle: J'ÉTAIS SUR LE CUL! SUR LE CUUUL, J'ÉTAIS!

Moi: BON, JE PROPOSE UNE MINUTE DE SILENCE, POUR EUH... POUR GANDHI!

Elle: FRANCHEMENT JE SAVAIS PLUS QUOI DIRE! LA REINE DES CONNES!

Moi: PERSONNE POUR GANDHI? VRAIMENT PERSONNE?

Finalement elle a fini pas s'occuper de son assiette. Comme tout le monde. Et ça en faisait, des assiettes à laver:

´

Rubrique "c'est quoi ces gazouillis?": Crier ou se taire, cruel dilemme. Crier dans la bonne humeur, comme le propose Ernie Maresca en 1962. Il y a eu une version française dans les années 80 par un groupe de rockabilly, qui réussissait à faire rimer "chouette" et "baskets". Autre façon de crier, celle des Tears For Fears en 1985, comme hygiène mentale salutaire. Ou simplement se taire, comme le décrit Michel Berger en 1982, sur cette ballade plutôt dépressive. J'ignore s'il y a France Gall dans les choeurs, mais après tout, c'est très probable.

Voilà. Je ne pouvais pas terminer autrement que sur un petit hommage à James Brown, qui vient de mourir il y a quelques jours. Le Mister Dynamite, le Godfather of Soul - le revoici sur un titre live enregistré en 1968 au non moins mythique Apollo Theatre.

Retour à l'accueil