Depuis quelque temps, notre immeuble prend de la gueule. Non pas que la proprio consente enfin à faire réparer les deux, trois merdouilles qui urgent, non, inutile d'espérer; ce serait plutôt sur le plan "locataires" que ça se passe - à tel point que des familles mexicaines de base, il n'y en a plus que deux et que les autres nous ont désertés. A la place, nous ont rejoints tour à tour une actrice de théâtre, un couple de gays + une fille et leurs effluves mariejeannesques, puis une Chinoise fraîchement débarquée de Beijing (Pékin, pour les nostalgiques de Pierre Loti). Marrant hasard, la voisine est prof. Elle va donc enseigner le mandarin à des Mexicains et apparemment ça marche très bien - ce qui pour nous profs de français est toujours un tantinet inquiétant d'apprendre. Vu du Mexique, la Chine n'est pas plus éloignée que la France, ou si peu.


D'une capitale à l'autre, la voisine chinoise peine cependant à s'acclimater. Elle s'ennuie un peu, nous dit-elle, elle aimerait trouver un endroit où apprendre à danser, en fait n'importe quoi du moment que parler espagnol n'y ait pas trop d'importance. Tout juste arrivée et ne parlant pas la langue? C'est à ce moment qu'un expat est le plus vulnérable.


Dimanche dernier, j'étais assis à la terrasse de la pâtisserie d'en face en train de siroter un capucchino et de bouquiner. Elle s'était installé une table plus loin et bûchait des exercices de grammaire espagnole sur son notebook. Je ne l'avais pas remarqué tout de suite, mais une voiture venait de se garer à proximité. Deux gars, la vingtaine déglinguée, en sont sortis, sont passés devant nos tables et entrés dans la pâtisserie. Ils en sont ressorties sans n'avoir rien acheté, sont repassées devant nos tables puis sont montés dans leur voiture. Au moment de partir, l'un des deux me demande comment aller à la Roma. Je leur explique, le véhicule démarre.

Hum... Deux types qui n'ont pas l'air d'être touristes et qui demandent comment passer de la Cuauhtémoc à la Roma, voilà qui est louche. La Roma? Allez tout droit, à la Diana vous prenez à gauche et vous y êtes - tout chilango le sait. S'ils l'avaient demandé aux gens de la pâtisserie, ils auraient eu la même réponse. L'ennui avec la Cuauhtémoc, c'est que le dimanche, elle est assez déserte. Si d'aventure on s'installe tout seul sur la terrasse d'un café, qui plus est toute seule, qui plus est avec un notebook bien en vue, ça attire ce genre de mecs qui circulent les dimanches à travers le quartier en quête d'une proie facile. La voisine chinoise n'a rien remarquée, mais faudrait sans doute qu'on ait une petite discussion...


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Rubrique "c'est quoi ce canard laqué?": Chanson écrite à l'origine pour Iggy Pop et que Bowie a repris en 1983 sur Let's Dance, album de consécration populaire tardive. À se demander si une chanson comme celle-ci est encore d'actualité, tant l'image de la Chine a évoluée durant ces dernières années.  De l'intro guitare en chinoiserie à la légère condescendance du chant (entre les lignes: "nous autres Occidentaux avons tellement à vous offrir, vous, petites Chinoises, avec vos uniformes kaki et vos drapeaux cocos"), rien qui laisserait deviner un siècle chinois à venir. Ashes to ashes, funk to funky...

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