Me suis fait engueuler par une bonne femme, et c'est arrivé comme ça - vous allez voir, c'est assez édifiant: je sortais de chez moi, en route pour l'IFAL, et je trimballais un gros sac de poubelle rempli d'ordures ménagères que j'allais déposer à l'emplacement habituel. Du coin des yeux j'observais une dame qui dans sa grosse voiture avait apparemment quelque peine à se garer. J'ai fait quelques pas quand j'ai entendu deux brefs klaxonnements, j'ai tourné la tête et - sapristi! je n'ai pourtant pas la berlue! - c'est après moi que la dame en avait.

"Excusez-moi, a-t-elle dit, vous avez OUBLIÉ vos ordures!" J'ai répondu que niet, je n'avais rien oublié du tout, c'est là que tous les gens de la rue et des rues avoisinantes déposaient leurs ordures. Je n'ai pas dû être excessivement crédible. "Vous êtes étranger, n'est-ce pas?" Ah ouais, tout de suite. Elle allait sans doute me démontrer par a + b que je ne valais guère mieux que ce que je venais de déposer et que de toute manière j'avais à me prosterner devant elle. Et sa grosse voiture. Qu'elle n'arrivait pas à garer. Elle m'a fait un petit discours sur la propreté de rues. Je lui ai répondu que le camion viendrait ramasser les ordures d'ici deux, trois heures, comme tous les jours. Elle a prétendu que le camion est déjà passé. Bon, là, elle venait implicitement de m'avouer qu'elle savait parfaitement que l'endroit était réservé aux ordures (d'ailleurs une petite pancarte l'indique). J'ai haussé les épaules et je suis parti. Elle m'a gratifié d'un nom d'oiseau, apothéose de sa fine argumentation. J'espère au moins qu'elle a réussi à se garer avant l'arrivée du camion.

Morale? Y en a pas. Juste un petit conte urbain.

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