Les vacances sont là, j'ai le temps de ruminer quelques faits divers auxquels je n'avais pas le temps de réagir en son temps.

Par exemple, il y a quelques mois j'ai assisté à une conférence sur le fameux Cadre européen commun de référence pour les langues  sur lequel j'avais déjàopinél'année dernière. Le conférencier était, disait-on, un spécialiste de la matière. Aussi nous avait-on envoyé son CV, sa vie, son oeuvre, et nous nous attendions donc à de fines analyses et tout le tintouin, mais finalement, il s'avérait que le type s'était trompé de public, qu'il nous racontait des choses qu'on savait depuis longtemps et qu'il ne savait pas se servir d'un ordinateur non plus. Rien de catastrophique, si ce n'est qu'au beau milieu de la conférence il a suggéré qu'en ce qui concernait la langue allemande, une compréhension écrite suffisait amplement; nul besoin de savoir la parler.

Chacun ses goûts, évidemment. Mais à y regarder de près, ça signifie quoi? Que l'allemand c'est bon pour lire du Goethe, du Nietzsche, que l'allemand relève donc d'une culture écrite, inscrite dans passé et non pas dans le présent ni surtout l'avenir? Curieux surtout quand on songe que les germanophones sont en majorité en Union Européenne et que l'allemand est langue officielle dans quatre pays membres, sans compter la Suisse.

En cherchant un peu, on s'aperçoit qu'en Allemagne c'est du pareil au même: le français n'a plus la cote. Depuis peu, on y préfère le chinois. Ça va d'un article provoc' du SPIEGEL intitulé "
A quoi bon encore apprendre le français" au post dans un forum, où à la question s'il valait mieux apprendre le français ou le chinois, une posteuserépondaitque le chinois, ça c'était du vrai boulot. Alors que pour le français il suffisait de se taper une liste de vocabulaire pendant les trajets en bus et le tour était joué. - Suprême naïveté. Puisque le chinois est difficile,  le français devient en contrepartie plus facile. Genre "je te laisse te débrouiller avec les idéogrammes et en échange, je ne t'embête plus avec mes accords du participe passé."

On en retient la vague impression que les Européens ne s'intéressent pas vraiment à leurs langues, excepté la maternelle, et qu'on beau pondre de gros trucs comme ce soi-disant "cadre européen commun", ça continue à rester du chacun pour soi. Pour le reste, les traducs de chez Google feront sans doute l'affaire, et on risque de tomber dans des situations surréalistes comme celle-ci:

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