Ces quelques jours de vacances m'ont fait du bien, pas de doute. A défaut de me payer un séjour hôtel **** à Acapulco et de m'attraper des mélanomes plein la carrosserie sur la plage, j'ai fait le plein culturel à la maison, histoire d'émincer les tas de bouquins que je me suis ramené d'Europe. Par exemple, j'ai fini le dernier Umberto Eco, "La mystérieuse flamme de reine Loana" - encore un livre sur la mémoire, c'est vraiment le thème à la mode en ce début de millénaire. Dans le cas d'Eco, c'était parti comme un livre de souvenirs d'enfance, mais, noblesse universitaire oblige, il n'a pas pu s'empêcher d'en faire une démonstration sur la différence entre mémoire collective et mémoire individuelle. Laquelle des deux nous constitue le plus en tant que personne? La seconde, sans doute. Et le rôle de la mémoire collective, dans tout ça? Existe-t-elle seulement? Il y a quand-même une différence certaine entre le fait de savoir si c'est Mémé qui vous raconte Mai 68 ou si vous voyez un reportage sur le même sujet sur Discovery Channel. Hum... faudrait y réfléchir...

Surtout que depuis juin 2001, ma mémoire individuelle est mexicaine. Je m'en suis rendu compte la dernière fois que j'étais à Paris, en juillet dernier, dans les couloirs du RER: incapable de me rappeler si "Boissy-St. Léger", c'était à l'est ou à l'ouest. Alors qu'en tant que fringant ado, je reconnaissais les rames rien qu'en les reniflant et je réussissais à deviner une fois sur deux la couleur des chaussettes du conducteur, eh ouais, ouarf ouarf, c'était l'bon temps!... Nan, pas si bon que ça, finalement.

Tiens? En parlant de mémoire: j'ai complètement oublié de préparer mes cours pour demain, faut que je m'y mette.

Un détail encore: Eco propose une solution assez intéressante à propos du paradoxe de Putnam. Comment savoir que ce qui vous entoure est bien réel et que vous n'êtes pas en fait un cerveau dans un bocal stimulé par des électrodes? Ça a l'air tout bête, mais ça l'est moins en y réfléchissant. Les gars de "Matrix" s'en sont servis, Terry Gilliam aussi dans "12 Monkeys". C'est lié au thème de la mémoire, et plus encore à celui de l'identité. D'ailleurs, à ce sujet je viens d'entamer un autre roman allemand qui raconte l'histoire d'un type au temps de la défunte RDA, qui est chargé de filer un écrivain subversif et qui commence à ne plus faire la différence entre son identité d'emprunt et son identité réelle... Pfouh, non écoutez, je vais arrêter de lire des conneries pareilles et plutôt me taper un petit polar à la place, ou même le "Code da Vinci" - ah non, merde, je l'ai déjà lu...

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