Wilma est passée et a ravagé le Yucatán, toute une infrastructure touristique soufflée, litéralement, dans une région qui n'a pas trop d'autres ressources. Ici, en capitale, à 2 200 mètres d'altitude, nous ne craignons pas les ouragans, ils ne viennent jamais jusqu'à nous. En échange, nous avons un ou deux volcans dans le voisinage et des tremblements de terre quasi quotidiens, même si la plupart d'entre eux sont à peine perceptibles. Pas de doute, au Mexique, on la sent, la nature.

L'Ambassade de France, un gros bâtiment moderniste et imposant (forcément) se trouve à Polanco, dans un quartier où les effets éventuels des tremblements de terre sont atténués. Pierre et mézigue y sommes conviés pour une réunion des représentants du personnel local (i.e. le personnel qui n'est pas payé directement par Paris), le nouvel ambassadeur voulant sans doute voir avec qui il aura maille à lier en cas de pépin. Le problème, c'est que ni Pierre ni moi sommes élus, tout juste candidats à la fonction de délégués. Les élections de juin avaient été annulés pour cause d'irrégularités par-ci par-là. Mais comme personne d'autre ne veut faire le sale boulot et qu'il suffit donc d'être candidat pour être élu, c'est nous qui sommes conviés. J'ai rencontré Pierre une demie heure auparavant, ensemble nous avons échaffaudé une pseudo-stratégie qui ne masquait guère notre expérience à peu près nulle dans la matière, puis nous voilà à l'Ambassade, nous montons au cinquième étage et nous entrons dans la salle de réunion. Les gens présents sont tous syndicalistes, représentent la CGT, CFDT, FO et j'en passe et des meilleures. C'est fou, on a beau être loin de la France... D'ailleurs, on nous fait vite comprendre qu'en tant que non-syndiqués, nous n'avons aucun droit de décision, à peine voix au chapitre et que nous pouvons assister à cette réunion "à titre exceptionnel". Bien. Nous voilà donc réduits au choix, à une exception française ou au rôle d'imbécile heureux. C'est "Rikiki et Patapon au pays des Trululus".

L'ambassadeur arrive, il préside la réunion, on passe de "petit a" à "petit b", on se dispute entre syndicalistes de sensibilité opposée, puis on décide de se réunir mercredi prochain. Je vous épargne les détails. Pierre et moi sortons de l'immeuble, une syndicaliste nous rattrape, nous apostrophe d'un "alors, ça va, les gamins?". Bon, j'ai quarante ans, je fais plus jeune, d'accord, on me donnerait volontiers trente-neuf ans et demie, mais de là à se faire traiter de gamins, franchement... Nous écoutons poliment son discours portant sur les joies de la vie de syndicaliste. Notre future activité de délégué sera sans doute vachement intéressante...

Tout ça bien sûr doit rester entre nous, donc soyez sympa et ne le répétez pas aux syndicalistes et ambassadeurs que vous comptez parmi vos amis de longue date. Je compte sur vous.   

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