Après la parenthèse allemande, revenons au Mexique, hola, ¡que milagro! 

Ce ¡que milagro!, il n'est pas rare de l'entendre, au hasard d'une rencontre parfaitement anodine et pas miraculeuse du tout dans notre esprit laïque de République fille aînée de l'Eglise (quelle contradiction, dites-vous?). J'adore cette exubérance mexicaine: on se rencontre, c'est forcément un miracle. Lourdes est partout, au Mexique.

D'accord, il y a miracle et miracle: pour ceux un peu plus substantiels, il y a cette tradition des ex voto, pas spécifiquement mexicaine, soit, mais en tout cas une sorte de témoignage populaire du miracle survenu. Il s'agit bel et bien d'un contrat: Dieu, vous m'exaucez tel ou tel souhait, et pour services rendus, je vous peins un petit quelque chose. Marché conclu. Deal. Au moins, les choses sont claires. Un ex voto réalisé, c'est donc la preuve que le client est satisfait. En voici un de 1940, peint sur une plaque en fer, que ma meilleure moitié avait eu la bonne idée d'acheter il y a quelque temps:

Pas exactement du Michelange, vous en conviendrez, mais d'un autre côté, mais ça n'a jamais été le but. Que s'est-il passé? Eh bien, c'est le señor Pedro Piedra Gorda (je traduis: Pierre Grossepierre) qui était en train de limer son mousquet, quand, paf!, le coup est parti, blessant Don Braulio à l'épaule. Pedro, en soudain état de transe, a vu apparaître le Christ (en caleçon rouge) et l'a prié instamment de guérir la blessure de Don Braulio. Par chance, la balle étant ressortie de l'autre côté, Don Braulio a certainement dû guérir, sinon pas de ex voto. Miracle! 

Curieux miracle. Ça rappelle le cul-de-jatte qui remercie Dieu dans son église de lui avoir permis l'usage des bras. Tout est une question de perspective, bien sûr. Et déjà, qu'avait-il besoin, Pierre Grossepierre, de limer son mousquet? Et un mousquet chargé, qui plus est?? Et son acolyte, qu'avait-il à se placer dans la ligne de mire du canon? Qu'il y avait des bouteilles de mezcal vidés dans le coin que ça ne m'étonnerait pas...

Parce que sinon, des miracles, moi aussi j'en vis tout le temps. Figurez-vous que ce soir il y avait un gros gros orage au dessus du DF et, bonté divine, aucun éclair ne m'a transformé en misérable petit tas de cendres. Miracle! Miracle!... Où sont mes crayons couleurs?

A télécharger, quelque chose qui n'a rien à voir, mais je voulais vous mettre de la zique mexicaine:

Rubrique "c'est quoi ces miracles?": D'accord, inutile d'exagérer, mais c'est quand-même rudement sympa, ces petites chansons... Quand vous écoutez l'intro de Me voy, vous vous dites: tiens? c'est du Renaud? Accordéon, rhythme à trois temps - eh oui, au risque de peiner les (rares) traditionalistes parmi mes lecteurs, la France n'a ni le monopole de l'un, ni évidemment celui de l'autre. Sans l'accordéon, la musique du Mexique du Nord serait même impensable. Quant à Julieta Venegas, elle n'en est pas à ses débuts non plus. Elle a sorti il y a quelques mois ce nouvel album, elle en a composé la majeure partie des chansons. Des chansons hétérogènes: après la simili-valse-musette Me voy, une chanson aux accents plus latins, suivi d'une troisième, d'inspiration plus américaine. Chez Badminton Stamps vous en trouverez une autre plus ancienne (billet du 10 novembre), et pour vous faire une idée plus imagée, voici le clip de Me Voy, une attaque en règle contre le macho mexicain...

Ah oui, j'oubliais - pour Justine, ce repost, puisqu'elle me le demande si gentiment:

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