Eh oui, Beigbeder est au Mexique pour promouvoir la sortie de la traduction de "Dernier inventaire avant liquidation", et c'est l'IFAL qui a été choisi pour cadrer l'évènement. On s'en flatterait, n'est-ce pas. J'arrive un peu avant 20 heures avec ma meilleure moitié, on rencontre Christine et Corinne, et en attendant, on va boire un verre à la cafète. Dehors, Gilles a déjà fait installer son matos de DJ; c'est que Beigbeder non seulement va nous faire une charla, c'est à dire un badinage/rien-de-sérieux, mais zencore il va officier en tant que DJ pour un autre inventaire avant liquidation, musical cette fois. Vaste programme.

L'auditorium est vite rempli. J'aperçois des collègues, des gens de l'Ambass, mais aussi pas mal de jeunes Mexicains et c'est tant mieux. Rien de pire qu'un évènement franco-français avec ces gens qui ne rêvent que d'aller revoir leur Normandie. Beigbeder, lui, se fait attendre. Un instant, je crains qu'il va nous faire le même coup que chez Ardisson, s'écrouler bourré dans les coulisses et incapable de bouger. Mais non, le voilà, un verre de téquila à la main, en compagnie du conseiller culturel et du responsable "livres" de l'Ambass. Petite présentation, puis Beigbeder nous confie qu'il a appris quelques expressions mexicaines et lance un tonitruant "CHINGA TU MADRE!" à l'assemblée. Rien de tel pour briser la glace (et pour tester les micros). Sauf qu'après le troisième "CHINGA TU MADRE!" qui entrecoupent son discours, une institutrice d'un certain âge se lève d'un air offusqué et quitte la salle.  "C'est une blague, Madame", dit Beigbeder vaguement repentant, sans effet pour la dame.

En fait, Beigbeder était censé parler de littérature, du roman. Rien de transcendant de ce côté-là, mais on ne s'y attendait pas vraiment. Il préfère visiblement faire son petit show de personnage médiatique, qu'il maîtrise sur le bout des doigts. On sent bien entendu qu'il est cultivé, qu'il s'y connaît en littérature, qu'il a profité du voyage en avion pour relire (oui, je sais, c'est jamais "lire", toujours "relire") "Sous le volcan" de Malcolm Lowry, mais bon: il prend le parti de ne pas se prendre au sérieux, de ne surtout pas correspondre à l'image un tantinet pompeuse du grand écrivain en tournée. 

Après, c'est les questions du public, admiratives, moralisantes, voire universitaires comme celle sur ce que Beigbeder pense de Harold Bloom. Visiblement, Beigbeder pratique très peu les théoriciens postmodernes américains. Il s'en tire en évoquant Molly Bloom, l'héroïne de Joyce, pas mal comme pirouette.  

La charla se termine et après quelque autographes, on passe à la partie musicale. La cour de la cafète est bondée. On a droit à un verre de vin gratuit, l'Ambassade sait se montrer généreuse lors de grandes occasions comme celle-ci ;-)

Valse de CDs. Ça commence plutôt bien: Elvis ("Heartbreak Hotel"), Beatles ("Taxman"), Beach Boys ("Sloop John B."), on remonte doucement l'histoire du rock. Je savoure le "Taxman" à fond la caisse, je vais discuter avec les collègues, qui ont trouvé la prestation de Beigbeder soit amusante, soit discutable. Je rencontre Estela que je n'avais plus revu depuis quatre ans.

La dernière fois, c'était à Paris et elle venait juste de commencer une thèse sur Heidegger. Après, elle a trouvé du boulot au Mexique, et elle veut une photo avec elle et Beigbeder, oups...

Normalement, je n'aime pas beaucoup ce genre de procédés, ça fait assez groupie, mais comme Estela et moi, on s'est pas vus depuis quatre ans... Coucou, le p'tit oiseau etc.

Beigbeder, après, se lasse, il refile les commandes à Gilles (et c'est à ce moment-là que les gens commencent à danser). Il va papoter avec son public, boire d'autres téquilas, puis il disparait, tandis que la fête continue. Bien plus tard, je le vois traverser la cafète aux bras d'une grande blonde et ce sera la dernière chose qu'on verra de lui.

Bon, maintenant on veut Houellebecq. Et après Victor Hugo.

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