L'autre jour, en passant au Pendulo, j'ai vu des vinyles en vente. D'accord, rien que des classiques, du Dylan, du Santana, du Led Zep, qui s'adressent sans doute à une clientèle nostalgique - mais j'avoue que j'étais frappé par la taille des pochettes, énormes par rapport aux petites images d'un boîtier CD. J'en avais perdu le souvenir. Trimballer deux, trois disques comme ça, sous le bras, vous transformait en profession de foi ambulante, tant vous montriez au monde entier les tronches de vos héros du moment, des images qui ne manqueraient pas de frapper les esprits, parfois au sens littéral.

 

Ça a changé depuis, quand on se promène avec sa clé USB ou son iPod. Que montre-t-on? Avant tout qu'on est l'heureux propriétaire d'un gadget électronique. La musique, elle, est devenue secondaire. Si avant on affirmait, preuve à l'appui, "j'écoute les Stooges" (dégaine d'Iggy Pop bien en évidence), on affirme aujourd'hui "j'ai un iPod" (écouteurs en blanc clinique dans les oreilles, maltraitées par du pipeau standard téléchargé sur les sites usuels). Bref, en parlant de "visibilité", autre mot à la con forgé par l'engeance marketing, on voit surtout le client-consommateur lambda dans la perspective ciblée de l'entreprise. Seule vision qui compte.

 

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