Quatrième concert,  et en principe il ne devrait pas y avoir trop de problèmes: ça tombe sur l'anniversaire de la chanteuse, le public est composé d'invités, de potes. Je m'inquiète juste un peu pour le son: on n'a pas eu le temps de faire un soundcheck complet; je ne suis pas sûr du son du piano et de la guitare par rapport à la voix. Je n'aime pas ces incertitudes évitables, mais d'un autre côté, il y aura toujours moyen d'improviser.


Vers onzes heures, les invités affluent. On va bientôt pouvoir commencer. Bizarrement, la chanteuse a le trac plus que d'habitude. Moi, ça va, mais j'aurais dû éviter la vodka-framboise de tout à l'heure, sans rien dans le ventre. Je réussis à m'isoler une petite demie heure dans la cuisine avec ma guitare, histoire de me concentrer. Le concert de ce soir intervient en fait après deux semaines de répetitions quotidiennes, intensives et créatives. Nous avons tous deux l'impression d'avoir fait un grand bond en avant, d'avoir gagné en assurance, en savoir-faire, en exigeance aussi - à tel point que nous avons viré deux compos qui ne nous plaisaient plus et une reprise qui nous paraissait trop fade. Pour les autres compos, élaborées lors des deux semaines passées, c'est ce soir la première. Bon, on y va? On y va.


On démarre avec "Le Port" (Camille), on enchaîne directement avec "Bobby Chéri" (Emilie Loizeau), puis c'est la première des compos, "Celle-là", la toute nouvelle. S'agit pas de rater le solo ni surtout le refrain tout de suite après. On se concentre, on se concentre et... ça marche, ouf! Le reste des chansons, on les connaît sur le bout des doigts, je peux donc guetter les réactions du public. Je m'aperçois d'ailleurs que "Fly Me To The Moon" marche moins bien que prévu. Comme le dira Oscar plus tard, elle manque de punch; faudra sans doute couper le solo, ou même la restructurer complètement. Le reste passe plutôt bien. On termine avec la country assassine et des "Mañanitas" surprise pour la chanteuse, et voilà, thank you good night.


Tapes sur l'épaule, félicitations - et je me demande qui est sincère et qui est poli. J'en sais trop rien, je tâche de faire descendre l'adrénaline et je quitte l'appart fumer une clope à l'autre bout du couloir. De l'appart me parviennent des sons de salsa; c'est la partie danse qui commence. C'était ma dernière clope et j'ai un excellent prétexte pour aller prendre l'air et marcher quelques pas. Le portier m'indique une tiendita première à droite. Dehors, il fait déjà plus frais. La rue est quasiment déserte, je scrute l'obscurité au cas où il y aurait quelques silhouettes patibulaires, le Centro Historico la nuit peut s'avérer redoutable. Je ne trouve pas la tiendita, je suis trop tête-en-l'air, je retourne sur mes pas, repars dans l'autre direction. Rien non plus, que des façades coloniales assombries. Peu importe, je retrouve mes esprits et je réalise qu'on a réussi notre coup; les compos, c'est ce qui a marché le mieux et c'est très bon signe...


De retour dans l'appart, après un ou deux alcools fort et un article fumigène qui passait, je me retrouve assez rapidement en état de zombification avancée. J'observe les couples qui dansent, et je m'aperçois une fois de plus que je n'aime pas les fêtes; c'est trop bruyant et y a jamais la variété de chips que j'aime. J'ai encore la force de commander un taxi et je suis parti.


PS: Le blog reprend. Mais on va changer de thème, voire de ton. Et avec un peu de chance, la chanteuse y participera...

Retour à l'accueil