Je pense que certains d'entre nous seront d'accord pour dire, même tout bas, que l'homonymie "mots"/"maux" est quelque peu galvaudée (pour ne rien dire de plus). Qui plus est, je me suis demandé, un beau jour pas si lointain où j'étais en train de déguster un excellent frappé thé vert sur la terrasse ensoleillée d'un café et que je pétais pour ainsi dire de bonheur, bref, je me suis demandé si c'est alliage homonymique entre le verbal et le douloureux n'était pas aussi cause d'inspiration de tant de poèmes tristes, voire franchement déprimants, tout ceci suite à un amalgame cérébral entre ces mots et ces maux, amalgame que je me refuse d'élucider (n'étant pas neurologue).


Pas peu fier d'y avoir pensé.


Or, si l'on peut donc tenir une corrélation entre l'inspiration verbale et le malencontreux comme acquise et que ceci expliquant cela, que se serait-il passé si le mot pour "mot" n'avait pas été "mot", mais un mot aux sonorités tout à fait différentes - par exemple, imaginons un univers parallèle comme il en existe un nombre infini, où par un pur hasard étymologique, le mot pour "mot" aurait été... "johat"*. Ce qui nous aurait permis une toute autre homonymie: "johat"/"joie", mais oui! Ça change tout. Rien qu'au lycée, lors d'un examen écrit, entendre crier la maîtresse "A la fin de l'épreuve, n'oubliez pas de compter vos johats" - "ouimdame (hihihi!)". Jean-Paul Sartre aurait écrit "Les johats" et qui sait, on aurait alors même pu le lire à la plage entre deux trempettes. Et imaginons surtout le nombre de poèmes heureux, emplis de bonheur, de félicité, de rires-et-de-chants qu'une telle homonymie aurait assurément produits.


Eh oui. Mais en attendant, il faut faire avec ce qu'on a, quitte à maugréer que l'étymologie, c'est parfois une belle salope. Que dites-vous? Que de toute manière, l'homonymie "johat"/"joie" aurait été tout aussi rapidement galvaudée? - Ahlàlà, quels rabats-johats vous faites!


 * du nahuatl classique "xohátli", terme entré dans la langue française après la conquête de l'Europe par les Aztèques en 1437.

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