C’est un petit monsieur âgé, président d’une association troisième âge, qui nous présente : « Et maintenant, de France, voici… Vol de Nuit ! » Il est quatorze heures. Petit regard entendu entre la Chanteuse et moi, on est prêt, on se lance : « Bonjours démons, fantômes du passé/Je vous croyais exorcisés… » J’essaie de surmonter le trac, je me concentre sur le noir et blanc des touches du piano et j’évacue toute autre couleur. Ça marche.

« De France », oui… Le détail a son importance, puisque nous jouons dans le cadre de la « Feria de las naciones amigas ». L’avenue Reforma, l’équivalent des Champs Elysées, est parsemée de stands où une multitude de nations amies du Mexique se présentent, généralement via leurs spécialités culinaires. Les gens se régalent : on passe du Honduras à l’Égypte, de Haïti au Japon, de Russie à l’Argentine. Et puis, il y a la tente réservée aux concerts, prestations, présentations etc. Il y aura des spectacles de danse vietnamienne, de la musique populaire roumaine, un quatuor de cordes argentin, et l’ambassadeur d’Iran ira jusqu’à prononcer trois conférences pour expliquer les bienfaits de la politique de son pays. Nous, on est censé représenter la France, de façon plus ou moins officieuse, et surtout sans les moindres gages. A priori, nous nous en foutons , du moment qu’on pourra se faire de la pub. Plus tard, nous apprenons que l’ambassade d’Italie, elle, paye 12500 pesos (env. 750 euros) les musiciens qui la représentent. On aurait dû dédier notre concert à la princesse de Clèves.

La tente, conçu comme espace semi-ouvert, se remplit au fil des morceaux. Je vois beaucoup de sourires dans l’assistance, on nous applaudit. Bref, la saison des concerts a repris.

Retour à l'accueil